Le recrutement d’une agence web : quels talents chercher ?

Une agence web crée des produits complexes. C’est tout le paradoxe d’un site internet : il semble techniquement simple à réaliser, pourtant il se situe au confluent de plusieurs professions possédant un art qui leur est propre. La création demande donc de la synergie et surtout, une certaine dose de talent à tous étages. Dès lors on peut se demander quelles sont les attentes aux différents postes et quels sont les profils qui constituent des pépites.

Note : article sur le recrutement d’une agence web initialement publié le 28/02/2018 (à 19h, très important) et republié le 29/12  pour ajout de la dernière fonction.

Le commercial : pierre angulaire d’une entreprise

Avant de faire un site internet, il faut d’abord trouver un client qui vous en confie la responsabilité. En la matière, l’input premier, l’instant zéro, le big bang, la genèse… Bref le début, c’est au commercial qu’on le doit.

Les qualités principales à posséder sont :

  • Le courage et la persévérance (prospection si tu nous regardes)
  • Le volume de travail, le dynamisme
  • L’organisation
  • L’écoute du prospect (la découverte est l’étape préalable indispensable pour proposer plus tard une solution adaptée)
  • La connaissance technique des prestations web proposées (qualité technique, avantages et inconvénient, coût de revient et prix de vente)
  • Le relationnel
  • La qualité de suivi lors du projet (de la bonne transmission des informations à l’équipe de production jusqu’au suivi du client après livraison)

Les bons commerciaux sont une denrée rare. Les entreprises qui souhaitent grandir, y compris évidemment les agences web, se doivent de les choyer. Cela passe évidemment par l’intéressement sur le CA réalisé, mais aussi sur des critères qualitatifs (satisfaction client, fidélisation etc…) qui témoignent de la qualité du travail accompli. De son côté, le dirigeant de l’agence web doit respecter sa force commerciale et travailler à maintenir sa motivation à un bon niveau s’il souhaite que le reste des maillons de la chaîne puissent fonctionner.

 

L’intégrateur (graphiste / webdesigner) : des casquettes parfois confondues pour un métier central

Suivant la taille de l’agence où on travaille et suivant les process mis en oeuvre, les fonctions de webdesigner et d’intégrateur peuvent être mélangées. Il en va de même pour celle de graphiste. Pour résumer on désignera la fonction globale par la capacité à créer et implémenter une charte graphique dans un site internet, par son design. Notons que le design a essentiellement une valeur esthétique dans le langage courant, mais qu’il reprend en réalité aussi des notions ergonomiques, y compris sur le web. Le position d’un bouton “call to action”, le comportement sur mobile et tablette du site web (responsive design), l’utilisation de certaines polices (lisibles ou moins lisibles, reconnues ou moins reconnues par les navigateurs), le positionnement et la quantité d’information dans un menu, font aussi partie des éléments pris en considération par l’intégrateur. Pour ces raisons on attend du titulaire du poste qu’il ait  :

  • Du talent artistique (cela va au delà d’une maîtrise froide des langages html et css).
  • Une démarche d’écoute et de conseil (car il faut comprendre l’attente du client, qui a le droit de différer des standards ou du “bon goût” au sens commun, mais sans être dans une optique de “j’applique bêtement en dépit du bon sens”. Le graphiste a un rôle de conseil auprès du client. Il doit formuler des objections pertinentes et ensuite, une fois que le client est éclairé, faire ce qu’il a choisi en connaissance de cause).
  • Des connaissances en code (oui, il faut quand même maîtriser html et css. On gère un support dynamique, pas une maquette Photoshop).
  • Une capacité d’autoformation (l’évolution technique et surtout l’évolution des tendances vont plus vite que ce qu’une formation “verticale” peut apporter. En complément il faut donc être toujours en veille).

 

Le développeur

Le développeur est le maître des créations et adaptations de fonctionnalités. A l’aise dans le “codage” (terme vulgarisé mais peu utilisé), Php et Mysql sont ses amis et parfois même ses amours. Il est la personne capable de donner une plus grande dimension utilitaire au site internet. De simple vitrine, il peut alors devenir un outil qui fait gagner du temps au client dans la production de son service ou son administration (gestion d’abonnements, gestion de profils d’utilisateurs, réalisation réservation de salles, facilitation de collecte ou d’import / export de données etc…), les services rendus par un développeur peuvent être nombreux. Ce qu’on attend d’un dev’ :

  • L’écoute et la capacité à creuser l’envers du décor (un cahier des charges est nécessaire pour tout développement. Encore faut-il que ce dernier soit complet, et pour cela rien de mieux que de le co-produire avec le client ou de challenger un document fourni. L’accompagnement est important)
  • La qualité de conception (au delà même du code, sa structuration et l’élaboration mentale de la structure technique répondant au besoin, sont les points les plus importants)
  • La maîtrise des langages (php, Mysql, javascript)
  • La connaissance serveur à minima (pour gérer les interactions avec la base de données)
  • Une capacité d’autoformation (suivre les évolutions du langage, réaliser de la veille technologique, en particulier en matière de sécurité)

Le référenceur

Le référenceur Google doit être capable de comprendre le fonctionnement global de l’algorithme : son centre, constitué par la pertinence du contenu par rapport à une requête (les fameux mots clés tapés par l’internaute), mais aussi sa périphérie constituée par le calcul de popularité du site internet du client. Il faut qu’il soit capable de répondre à ces deux problématiques en gérant son plan d’action de référencement. On attend de lui :

  • Une bonne compréhension du secteur du client (cela permet de mieux envisager les mots clés intéressants, avant de mesurer leur pertinence à l’aide d’un outil remontant les statistiques réelles des recherches)
  • De l’organisation (pour gérer les plans d’action et leur suivi sur plusieurs clients)
  • La connaissance des techniques de référencement (celles qu’on utilise et celles qu’on n’utilise pas, en sachant dans les deux cas pourquoi)
  • De l’autoformation (la veille des préconisations Google et des filtres qui en découlent, la structuration des SERPs c’est à dire les pages de résultats de la recherche Google etc…)

Le chef de projet

C’est la personne qui met du liant. Parfois, suivant la complexité du projet et la capacité / disponibilité du client, cette fonction peut être assumée par différentes personnes :

  • Un membre dédié à cette fonction sur l’agence (il doit avoir un minimum de connaissances sur tous les secteurs qui précèdent pour mieux coordonner les actions menées par les différents spécialistes énumérés ci-dessus)
  • Un des spécialistes précédents, si le client a très clairement formulé son besoin, n’a pas besoin d’aide rédactionnelle, et peut en fournir un “cahier des charges” par écrit.

Le chef de projet est un couteau suisse aux hautes capacités d’adaptation. Il est très empathique, il comprend vite, sait écouter et structurer un besoin. Il peut aussi être force de proposition. Une seule bonne idée peut parfois être précieuse. Il est responsable de satisfaire le client, en rationalisant son besoin si nécessaire. Le chef de projet web doit mettre l’équipe de production dans de bonnes conditions.

Le directeur de l’agence web

Ajout du 29/12/2018 : C’est à la fois une fonction indispensable et la 5e roue du carrosse. Un peu comme dans toutes les entreprises pas vrai ? La plupart du temps dans une agence web, le directeur assume l’une des fonctions précédentes. Fondateur à l’origine, il a souvent une dimension technique qui lui a permis d’assumer des fonctions de production (création de site internet ou référencement) avant de les déléguer à un collaborateur lorsque l’agence digitale a grossi.

C’est un schéma classique mais pas obligatoire. Certains directeurs d’agence peuvent être parachutés là de par leurs qualités de management (plutôt dans un grand groupe), suite au rachat d’une agence web pré-existante, ou tout simplement parce qu’ils ont repéré un secteur attrayant et ont monté l’agence de toutes pièces, en assemblant les talents précédemment cités.

Dans tous les cas, lorsque les principaux métiers sont rassemblés, son rôle s’oriente clairement vers celui de manager. Il veille alors à la qualité du travail fourni sur les différents pôles, au maintien conjoint de la productivité et de la bonne ambiance (équation complexe), à la formation des différents salariés (le web évolue très vite et il faut sans cesse renouveler les connaissances sans s’endormir sur ses lauriers) et pourvoit au recrutement en fonction du turn-over ou de la croissance si nécessaire. Il gère aussi les relations avec les différents fournisseurs, les achats si on peut dire : logiciels graphiques, prestataires financiers, hébergeur, locaux de l’agence, télécommunications, électricité, assurances… Il y a fort à faire pour que la structure évolue dans un bon cadre. Il y a aussi toute la dimension juridique, liées aux contrats et à l’exercice de la profession, et certains passages obligés comme la comptabilité.

Voilà pourquoi “le patron” peut définitivement être décrit comme un rouage invisible. Parfois moteur, parfois essence, parfois mécano, et parfois rien du tout, simplement fier de voir que la voiture avance.

Conclusion

L’agence web est un organisme complexe par nécessité. Celle de réaliser des produits qui le sont tout autant. Le casting des professionnels officiant sur les différents métiers est une étape essentielle pour sa réussite. Il y a par ailleurs des qualités non évoquées mais qui sont indispensables à l’ensemble des professions ci-dessus : ce sont les qualités humaines. Tous les rouages ont besoin de ce fluide, sinon, quelque soit la qualité intrinsèque de la machine elle serait vouée à se gripper. C’est sans doute ce facteur là qui est le plus difficile à évaluer. Et c’est pour ça que le talent le plus important d’un recruteur, celui d’un RH ou du chef d’entreprise, c’est surement celui de l’instinct.